Deux hommes justes et libres
Raymond Barre, Pierre Mesmer… 2 noms qui nous renvoient à des cieux politiques bien lointains. Lorsqu'eut lieu l’annonce de leur départ vers l’éternel, mes enfants m’adressèrent des regards interrogatifs. Comme si je leur parlais de Michel Simon ou d’Arletty, du jeu des 1000 Francs ou de "5 colonnes à la Une". Et pourtant, tous deux exercèrent des responsabilités politiques de premier plan et s’étaient retirés pour céder la place à de nouvelles générations.
Raymond Barre, Pierre Mesmer… 2 noms qui nous renvoient à des cieux politiques bien lointains. Lorsqu'eut lieu l’annonce de leur départ vers l’éternel, mes enfants m’adressèrent des regards interrogatifs. Comme si je leur parlais de Michel Simon ou d’Arletty, du jeu des 1000 Francs ou de "5 colonnes à la Une". Et pourtant, tous deux exercèrent des responsabilités politiques de premier plan et s’étaient retirés pour céder la place à de nouvelles générations.
Leurs voix se sont éteintes simultanément, dans un étonnant clin-d'oeil de l'histoire. Mais leur message reste intact, celui d’honnêtes serviteurs de l’Etat bravant parfois l’impopularité pour préserver l’intérêt général. Pour eux, l'Etat devait être bien évidemment digne et impartial, exerçant ses missions régaliennes au service des français, par-delà les pressions de tout ordre, dans la droiture et la probité.
Ce n’était certes pas le narcissique renvoi de leur image qu’ils attendaient en dirigeant le gouvernement de la France. Leur seul souci était de réformer ce pays en prenant parfois des mesures difficiles et en exerçant leurs talents de visionnaires pour l’indépendance énergétique et économique de notre pays. Et lorsque la destinée les conduisit au seuil de l’Elysée, il leur manquât la volonté farouche et l’obstination d’y parvenir pour conclure l’essai. Ils rejoignirent alors le bataillon très fermé d’hommes sages qui observent la chose publique et les luttes parfois dérisoires pour le pouvoir avec un amusement serein.
Par-delà les clichés politiques, l’hommage unanime de toute la classe politique vient saluer leurs parcours d’hommes libres.
Pierre Mesmer ? 33 ans déjà qu’il quitta Matignon, ouvrant la voie à une confusion qui laissa Jacques Chaban-Delmas hors-jeu pour la présidence de la République. Sa posture de légionnaire, homme des sables, sa raideur physique n’en firent pas un porteur obstiné de popularité. Amoureux des choses de la vie, il redevint tout jeune marié à 80 ans, en prenant en secondes noces une nouvelle épouse.
La destinée de l'homme des sables devait croiser celle de "nounours", le Barzy du "bêbête show"....
Raymond Barre ? Meilleur économiste de France, homme carré dans un corps rond se moquait des sondages comme de son premier cassoulet et poursuivait son cap d’homme libre en rigolant comme un jeune galopin. Ses paroles veloutées, ses endormissements répétés à l’Assemblée sur l’épaule d’André Santini, sa richesse dans la création de nouveaux mots (microcosme…), ses allures de gros nounours évoquant avec nostalgie notre « Bonne nuit les petits », lui conférèrent un rôle à part dans la vie politique Française. Amoureux de la bonne chair, épicurien rendant honneur aux arts de la table, il portait fièrement une belle silhouette révélant ses féroces appétits. Appétits gastronomiques, pas politiques.
Si Dieu est républicain, gageons qu’il leur réservera la plus belle des distinctions, celle de la béatitude éternelle.
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