dimanche 12 décembre 2010

Petit Papa Noël...

Eternité du Père Noël

Il le subodorait, le supputait, voire le redoutait.

Il entendait la rumeur, lancinante comme toutes les rumeurs, qui enflait à ses oreilles. Cette dernière, portée par quelques amis rigolards et fiers de « savoir » l’avaient certes un peu ébranlé… Mais tant que le joli mythe n’avait pas été officiellement dénoncé par la seule autorité légitime qui comptait à ses yeux, il continuait à croire. Un peu …

Oui, mon fils Théo, croyait encore au père Noël jusqu’à cette semaine.

Devant ses questions persistantes et ses sympathiques doutes, confronté à l’attente qu’il manifestait envers le passeur de connaissances que je représentais, je me devais, en tant que père, de lui dire la vérité sur un autre père. Un concurrent que j’allais cruellement déboulonner. J’étais rétif face à l’inégalité du match qui nous opposait.

Une saine hésitation de ma part, car détruire le rêve qui accompagnait Théo depuis son enfance et que j’entretenais avec de nombreux artifices colorés n’était pas rien et pouvait causer un dépit légitime, voire un doute envers un papa qui pourrait sembler lui avoir « menti » avec obstination en entretenant la chimère de l’homme en rouge.

Et puis… cet aveu entrainerait la mise à mal d’autres mystifications : les cloches de Pâques, la petite souris… et tout ce qui fait la joie des petits comme des grands, qui crée un univers de magies colorées, qui rend si belle la candeur de l’enfance tout en positionnant le papa comme un enchanteur alimentant les songes.

De plus, démanteler cette belle légende, n’était pas neutre. C’est nous renvoyer à notre propre enfance et aux sourires des êtres aimés disparus. Et pour le père de 7 enfants que je suis, c’est tourner une page que d’initier mon petit dernier Théo aux réalités mercantiles des fêtes de fin d’année. D’autres occasions me seront-elles données à nouveau dans le futur ???

Il m’appartenait cependant d’officialiser cette information essentielle pour garder l’image de celui qui transmet, et qui diffuse des vérités. Une question de crédibilité en quelque sorte.

Alors, avec moult et moult précautions, je lui lâchais mon communiqué officiel, qui résonna avec force entre deux avis de vigilance Météo. L’essentiel était bien là… percevoir la lueur qui poindrait dans les yeux de mon petit garçon.

Il me regarda, esquissa un large sourire. Et me dit :

- - J'en étais sur. Mais, papa… c’est vrai ? Comment c’est possible…

Il me fixa avec affection. Une grande tendresse illumina son joli visage. Je n’avais pas de barbe blanche et mes seuls animaux de compagnie furent des braques allemands, et non des rennes. Mais l’espace de quelques instants, je sus qu’il m’imagina en Père Noël.

Bienvenue dans le monde des « grands », Théo. Désormais, le cliquetis sec et froid des tiroirs caisse succèdera aux cavalcades allégoriques du traineau du Père Noël. Les caddies remplis de cadeaux remplaceront la hotte aux infinies ressources. Mais les petits souliers seront toujours au pied de l’arbre enguirlandé joliment en famille.

Théo, tu découvres une facette de plus de la société de consommation. Donne-lui toute ton âme, ta sincérité, ton discernement.

Et surtout, entretiens cette belle aventure d’un être bienveillant qui dispense une bonté et une générosité universelles, fais perdurer une légende vivace qui permet aux déshérités d’espérer en la magie de Noël.

Que vive le Père Noël !

D’ailleurs, je pense y croire encore…