jeudi 2 août 2007

Les charmes andalous

Amour, opulence et crème à bronzer

La générosité solaire de juillet s’est soldée, en France, par un 31 juillet clément. C’est devenu une grotesque habitude.

Depuis 5 ans, le climat nous a habitué à ses caprices répétés. Il fait la moue devant nous sans aucune pudeur, nous montrant toutes les variantes de ce qu’il sait faire : été assassin, déluges ravageurs, lancers de foudre de Rascar Capac, arbres déracinés, pluies torrentielles… même le légendaire micro climat du bassin d’Arcachon est mis à mal. Aucune compassion, aucune prévenance envers ceux qui attendent tant de bienfaits de ce moment crucial de l’année traditionnellement propice à la bronzette, à la baignade et aux réjouissances en tous genres.

Le temps, devenu fou laisse nos hôteliers dans l’embarras, nos structures d’accueil sous-occupées, les campeurs copieusement arrosés, les enfants enfermés et des milliers de vacanciers déconcertés. Assurément, s’il était encore avec nous, Serge Gainsbourg n’aurait jamais écrit « Sea, sex and sun ». N’ayant plus le soleil et la mer, que nous reste-il ? A entonner, avec une chanteuse défraîchie sous des températures fort rafraîchies « Sous la plage abandonnée ».

Au-delà des myriades de gouttes, bien au-delà d’un horizon encombré, jouons à saute nuages et remontant le fil d’Ariane prodigué par un rayon de soleil miraculeusement capté. Tout en gardant l’Aquitaine, la Gironde et Bordeaux intimement rivés au cœur, suivons cette étoile scintillante providentielle, pour offrir du ciel bleu aux enfants…l’Andalousie apparaît. Avec toute la magie d’un astre qui sans cesse luit, d’une végétation luxuriante, de charmantes tenues locales, de plages sans fin, de prix abordables…Orphelins provisoires de notre région, nous avons rendez-vous avec le soleil

Vous avez dit « Costa del Sol » ? Certes, elle porte bien son nom. Sur les étendue sableuses, s’étalent avec une jouissance méritée le vacancier en quête d’évasion.

Allongeons nous, fermons les yeux et pénétrons nous de notre environnement, tel un explorateur qui souhaite découvrir les mœurs de provinces éloignées. L’heure est à la détente et à l’insouciance. Les enfants jouent sur le sable, les ados s’égayent, les femmes étalent leurs charmes, les hommes se font masser et oindre de crème à bronzer par des mains qui ne laissent pas le moindre centimètre carré non recouvert.

Des amoureux se chevauchent dans une cabotine pudeur. Cet attelage a quelque chose d’émouvant. Tous deux se regardent, s’extasient de se redécouvrir chaque jour, susurrent d’éternels secrets, se font les plus beaux serments, parlent avec leurs yeux, voire avec leurs mains, et se gorgent des perspectives variées offertes par cette journée enchanteresse. Les amoureux qui se bécotent sur les plages publiques ont quelque chose de sympathique.

Plus prosaïque, une femme largement dénudée tient fiévreusement un appareil dans sa main droite. Cet engin magique répond à son désir favori : parler. Elle ne le lâche pas et semble vibrer dans un contact privilégié qui lui arrache de nombreux mouvements des lèvres et des sons inaudibles. Ah, ce téléphone portable… jusque sur la plage, il sert à délivrer les plus grandes platitudes, à ne pas oublier le pain ou alors à se réjouir de la plus grande affaire du siècle.

Je m’extasie devant cet ensemble qui vit, qui bouge, qui témoigne du bien être et qui représente toute la variété de la nature humaine. Là, une magnifique naïade semble flotter littéralement sur les eaux, agitant avec volupté ses bras joliment sculptés. Elle ravit ma vue et comble l’esthète que je suis, toujours en quête du « Beau ». Plus loin, un bateau vogue vers un horizon sans nuages, et sort soudainement de l’anse formée par la belle côte de ce coin d’Espagne pour se nicher entre la baie formée par deux ravissantes épaules. Les voiles sont gonflées.

Un gentleman vient me rappeler que les anglais sont pléthore dans cette région, si différente de la leur. Je croise cet homme à l’allure martiale auquel il ne manque que le casque colonial. C’est le Major Thompson en personne qui, feignant de m’ignorer, passe les troupes de parasols en revue afin d’en vérifier l’impeccable alignement. Tous sont fiévreusement au garde à vous. Rien ne dépasse, tout est tiré au cordeau. Notre héros pourra rendre compte.

De façon plus anarchique, d’autres ombrelles tricotent sur la plage un patchwork aux couleurs vives. Dès 10 heures, elles éclosent comme des champignons, poussant sans l’aide d’eau, et déployant leurs périmètres qui serviront à protéger des abus de soleil. Toutes les marques sont représentées sous ces oriflammes, offrant des espaces bariolés dignes de la peinture abstraite. Un remake des « Baigneuses » ?

La royale boisson gazeuse made in USA dont la recette originelle de fabrication est jalousement gardée dans un coffre à la totale inviolabilité, affiche ses nombreux rayons d’action. Coca et Cola viennent régulièrement nous rappeler qu’ils restent les deux mamelles de l’homme assoiffé. Les fanions sont bien plantés.

Quelques restaurants de plage, sympathiques guinguettes, piquètent de temps en temps les vastes étendues de sable. La bière y coule à flots et le « tea time » sera honoré comme il se doit. Un sympathique anglais me hèle aimablement et me fait un signe ésotérique que j’ai du mal à interpréter.

Ici tout n’est que bronzage et volupté. On devine l’ampleur des investissements qui irriguèrent largement l’endroit. Les anglais ont massivement acheté maisonnettes et appartements dans des « communauties » surplombant la mer et qu’ils gèrent entre eux. La Dordogne, la Charente, l’Andalousie, .. partout la vieille Livre fait tinter sa grandeur surannée.

D’où vient tant d’argent ? Des bonheurs financiers amassés à l’époque Thatcherienne ? De la vente du bien immobilier acquis outre Manche pour le transposer sous le soleil ? Du renoncement à une propriété, fort chère en Angleterre, pour préférer un investissement fructueux sous le soleil exactement, loin des brumes, de la Tamise et de la Queen ? De l’aubaine des pionniers qui, les premiers, achetèrent à bas prix de petites gentilhommières ? Un peu de tout cela sans doute…

Dans les résidences, les jardins sont soigneusement entretenus et exhibent avec bonheur fleurs et plantes des pays chauds. Les bougainvilliers croulent sous leurs ornements bigarrés, les hibiscus dardent leurs pistils, les lauriers roses se fondent dans la couleur du corps d’un anglais bronzé, les bananiers ventilent l’espace, les bambous sont strictement agencés en cercle… les couleurs de la vie, la richesse de dame nature s’exprime à chaque détour.

La richesse des hommes s’affiche également avec naturel. Pas celle du cœur, non, … celle de quelques uns qui surent et surtout purent investir dans des villas cossues. En première ligne avec accès privé sur la plage, elles épanchent leur luxe et l’immensité de leurs espaces de vie. Plusieurs salons donnant sur une piscine pour éviter la fatigue de faire 30 mètres jusqu’à la plage. Une terrasse panoramique qui permet aussi bien de voir les côtes marocaines que les panachages colorés des parasols.

De nombreuses propriétés jalonnent les rues bien alignées et rigoureusement nettoyées. Derrière les murailles on perçoit d’ambitieuses demeures, des maisons de maître aux prix vertigineux. L’argent coule à flot sur la côte.

Qu’y a-t-il derrière la porte ? Des fortunes amassées, des patrimoines transmis, des investissement juteux. A moins que le tamis discret de certains blanchiment n’ait favorisé l’éclosion de richesses vite récoltées et amassées avidement. Les murs gardent leurs secrets.

Quelle échelle disproportionnée entre les centaines de mètres carrés cossus qui dorent sous le soleil, les magots transformés en terrasses et piscines, et la gentille Dolorès qui bronze sous un parasol mais qui exhibe généreusement ses richesses naturelles. La démesure face au dénuement…

Par delà ces divergences inhérentes à toute collectivité, ces écarts que nous savons inévitables, nous pouvons tous nous retrouver autour d’un « Mojito ». Une aubaine !

« Mojito, que es esto », me dites-vous ? Un savoureux cocktail qui nous vient de Cuba et que l’aridité d’un régime dictatorial n’a pas estompé. Sa composition ? De la menthe fraîche, des parcelles de citron vert et du sucre roux à broyer vigoureusement afin d’obtenir un mélange total. De la glace pilée et re-compilation de l’ensemble… Alors, le temps est venu de rajouter le rhum, d’écraser encore et de mélanger jusqu’à
parfait enchevêtrement.

A boire tout en tassant consciencieusement. Tout cela réunit les hommes et les femmes de bonne volonté qui savent en faire une consommation modérée. Trinquons avec Dolorés et le Major Thomson ! Vive la vie…

« A votre santé », « Cheers », « Salud y pesetas »…

Bonnes vacances à tous.

Ne coupons pas le contact. Durant ces vacances, ce blog va prendre son ryrhme de croisiere, avec des chroniques serieuses, d´autres plus "ensoleillees". Il sera alimente de facon plus soutenue a compter du 20 Août. Merci pour votre fidelite et pour vos nombreuses visites, amicales et encourageantes.

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