Carrosseries royales
Une baie ensoleillée, quelques petits arpents de terre développés au seul rythme de la génération spontanée due au bon vouloir d’un prince qui sut transformer un terrain vague et aride en port de luxe au bord de l’eau.
Les maisons blanches surplombent la mer, l’anse est émaillée de restaurants et de boutiques de marque, l’argent se renifle à chaque pas, imprimant sa marque dans toute la profondeur de cette terre. Les rochers et les galets, grâce à l’alchimie de l’or jaune se sont transmués en point de rendez-vous des plus grandes fortunes de la planète. L’argent appelle l’argent.
Je les cherche, tel un paparazzi à l’affût de ses proies et du scoop qui fera la « Une » des gazettes de l’été. Rien sur la plage ni au bord des somptueux yachts. Caroline n’est pas dans son enseigne favorite, Stéphanie semble avoir déserté la plage et sa troupe de volleyeurs enfiévrés.
Sommes nous à Monaco ? Non. Même si toutes les bimbos ont par principe ôté leurs hauts de maillot, je ne suis pas dans la Principauté monégasque. Ce petit rocher de 2 km2, point de mire du gotha et lieu privilégié des excès estivaux en tous genres grâce aux chroniques sans fin alimentées par une famille toujours imaginative.
Monaco ? Une broutille aux côtés de ce port jouxtant Marbella auquel viennent s’ancrer les émirs, les hommes d’affaires et autres pavillons battant allégrement la complaisance. L’amplitude financière qui émane des kilomètres carrés de carlingues exposées, le parfum d’oseille lancinant qui sort des grosses cylindrées estampillées par les plus nobles chevrons, et les robes des plus prestigieux couturiers laissent le rocher loin derrière, comme le gentil repaire de quelques jet setters désargentés symbolisés désormais par Loana et Steevie. Combien alors notre cher port d’Arcachon dont les places se quémandent une génération à l’avance fait figure de banal port provincial. Une bonne leçon de modestie.
Car nous sommes à « Puerto Banùs ». Le port d’attache des milliardaires et des familles royales du Golfe. Le point de ralliement de ceux qui ont leurs vêtements bizarrement bosselés par l’épaisseur d’un portefeuille qui égrène sans fin ses torrents de billets. Ces derniers, comme des confettis, ruissellent en masse vers les vampiriques vitrines et monnaient langoustes, homards et tombereaux de champagne. Ici, c’est toujours Carnaval. Ce temple du fric et du faste sacrifie quotidiennement à son rituel d’immoler d’innombrables euros sur l’autel de l’aisance et de la volupté.
L’argent y est le roi, les émirs les princes naturels. Aux chèques sans provision on préfère les cheiks argentés qui circulent de façon anodine et viennent apponter quelques jours afin de profiter des multiples bienfaits des côtes espagnoles.
Devant tant d’éclat et d’opulence, aucun sentiment de malaise. C’est un autre monde, fait de clinquant et de rutilance derrière lequel fourmillent des castes vivant selon leurs codes, leurs mœurs et sans doute leur morale. Bref, un mille et une nuits contemporain, à des années lumière du salarié français.
Loin d’être gagné par la fièvre ou de sentir monter les relents marxistes de théories désuètes, l’ensemble fait plaisir à voir. Aucune indécence que d’apprécier les beaux gabarits, que d’approcher de prés les modèles exhibés dans de très sélects revues, que de se ravir devant l’élégance et l’harmonie de l’agencement du fer et de l’acier. A tout au moins, cela démontre le génie créatif de l’homme, son goût pour approcher le « Beau », les bénéfiques flux financiers dérivés et la générosité des nouveaux Pachas nous permettant la profusion de regards. Plaisir des yeux, diraient mes amis marocains…
Tout semble exister depuis des décennies, tant l’ensemble est naturellement lové et étendu dans le site, entre mer et montagne.
Et pourtant, l’épopée est récente. Une fée s’est penchée sur le berceau de ce havre qui naquit de la terre, des herbes sèches et des rochers il y a moins de quarante années. Nous sommes bien dans un conte oriental joliment conduit par la famille princière d’Arabie Saoudite. Alors que Marbella connaissait un développement embryonnaire après l’engouement très populaire de Torrémolinos et autres cités de la côte andalouse, le roi Fahd en personne déploya sa baguette magique avec l’assurance de la manne financière qui en ruissela.
Noblesse oblige, il investit personnellement les hauteurs dominant la mer méditerranée, s’y fit construire un inaccessible et gigantesque palais et investit, aux côtés de ses frères, cousins et neveux aux fins de créer ce port nacré qui est désormais devenu l’emblème des plus grandes fortunes du monde.
La plage fourmille de petits restaurants permettant de savourer à des prix adaptés sardines, paellas et dorades les pieds dans l’eau. Une gentille mise en bouche avant de découvrir la petite cité côtière qui campe sur une mer de billets de banques et dans les doucereuses bourrasques des télétransmissions bancaires qui font tressauter les tiroirs caisse et tressaillir de gloussements jouissifs les propriétaires des boutiques qui ont acheté à prix d’or leurs emplacements.
Devant le port, nous sommes escortés par les plus grands symboles de l’apparat et de l’élégance. Aucun établissement anodin n’entache le lieu. Tous sont frappés du sceau de la renommée internationale, du faste vestimentaire et de l’élégance raffinée.
Gianfranco Ferre, du haut de son nuage contemple les cliquetis monétaires qui alimenteront longtemps les appétits de ses héritiers.
Dior nous réjouit de la présence d’une marque française qui va encore scintiller dans les grandes soirées de Gala. Tout comme Lanvin qui se reflète dans le magnifique empaquetage d’une vitrine noire étincelante. Toutes deux viennent nous rappeler que la classe et le bon goût sont de très efficaces ambassadeurs pour la renommée de notre pays.
Tôt, le matin, une Cadillac approche lentement des vitrines encore closes, précédée par trois accompagnateurs au gabarit proportionnel au yacht de rattechement. Ils adressent des signes discrets aux commerces qui s’ouvrent instantanément, comme par magie. Stores levés, porte accueillante… le conte continue. Chaque homme se poste à des emplacements stratégiques dans la rue encore déserte.
Alors, trois femmes de port très distingué descendent simultanément du carrosse. Elégantes et graciles, elles laissent transparaître toute leur jeunesse et leur beauté au travers d’un voile fort discret. Les trois favorites de l’émir, assurément un homme de goût, se dirigent vers les commerces plein d’espérances. Ces belles silhouettes qui affichent entre elles des sourires complices, représentent l’expression d’une culture amoureuse qui laisse puissamment gambader l’imagination de l’occidental que je suis et dont la référence conjugale reste la monogamie…
Elles promènent des regards désabusés chez Dolce Gabbana, cherchent la dernière nouveauté de Louis Vuitton. Avançant en territoire connu entre Dior, Lanvin et Burberry, ces habituées des dorures vestimentaires apprécient le galbe d’une robe, caressent un chemisier, embrassent d’œil connaisseur la totalité du magasin. Elles désignent délicatement leur choix à la gérante qui, restée en retrait, suit le périple de ces clientes privilégiées avec un regard gourmand. Alors, telles des abeilles recherchant le suc enchanteur, elles se dirigent vers la boutique voisine.
L’un des accompagnateurs retourne dans la boutique délaissée afin de s’acquitter des formalités résiduelles : régler la facture rubis sur l’ongle et rapatrier les vêtements élus dans la princière voiture.
L’arc de cercle qui ceinture avec une particulière tendresse le port voit alterner établissements de marques et lieux de bombances envers lesquels les propriétaires déploient un soin des plus minutieux. Décoration de qualité, tables et chaises bien veloutées de couleurs variées, vases de fleurs qui apportent une particulière fraîcheur… Tout est fin prêt pour aspirer les légionnaires de la bouffe.
Les homards attendent placidement de passer à la casserole afin d’agrémenter une panse désabusée, les fraîches dorades patientent bêtement bouche ouvert, s’inscrivant dans la fatalité de leur destinée, les œufs s’entrechoquent dans les casiers, baveux d’en finir avec la Tortilla, les filles de salle essuient le dernier grain de poussière, la douairière astique un tiroir caisse qui crépitera dans une folle sarabande dès l’heure de pointe.
Tous ces bars et restaurants seront pris d’assaut par les énergies financières émergeantes, par ceux qui font effet de virtuelles fortunes, par les touristes et les badauds, par les jeunes filles en quête du prince charmant. Car sous les adolescentes érodées d’aujourd’hui sommeille toujours Cendrillon… Un zeste de sentiment dans la réalité de rapports de force dominés par la superficialité du cœur.
Chacun s’extasiera de voir, d’observer et de participer aux nombreuses fêtes qui émailleront les rues et qui toutes sacrifieront au culte du fric et de la puissance.
Tout au long de la journée, côté terre, des voitures défileront pour montrer la richesse de leurs profilés et la hauteur de gammes qui ne se satisfont pas de demi mesure. Ces messieurs passent et repassent pour guetter la moindre proie féminine défaillante au vu du logo avec le cheval jaune et autres prestigieux emblèmes. La chair est faible.
Ne vous aventurez pas à circuler avec de banales berlines dans ce tabernacle de la démesure. Ici, la BMW est galvaudée et fait figure d’un cliché des plus commun. Manier l’une d’elle ferait presque figure d’une incongruité malséante, une faute de goût coupable.
Non. Nous sommes ici dans le royaume de la féerie. Les vulgaires citrouilles sont ignorées au bénéfice des nobles parures et autres carrosses rutilants représentées par les Bentley qui affichent les ailes d’un logo conquérant, de sublimes Rolls Royces aux chromes étincelants auxquelles leur sirène, véritable figure de proue confèrent l’ambition d’un décollage dominateur.
Ce serait presque lassant de voir défiler sous nos yeux tous ces modèles qui font rêver les amateurs qui confèrent à la voiture un rang autre qu’utilitaire. Les amoureux du design et des lignes les plus audacieuses seront comblés. Une vieille berline américaine des allées 50 suscite l’admiration la plus béate. Sa calandre rouge et argentée flanquée, de part et d’autre, de deux rétines lumineuses laisse presque augurer que ce requin sur roues va plonger dans les eaux poissonneuses du port.
Des Ferraris comme s’il en pleuvait. La voiture à l’étalon fougueux est d’un commun, dans ce territoire surréaliste… Le cheval, toujours prêt à bondir nous démontre qu’il sait générer un panel varié de couleurs, du rouge le plus classique au jaune le plus vif, en passant par un orange d’une belle arrogance. Dans le style, cet équidé présente la même vitalité que le jaguar qui trône sur une voiture dont la placidité apparente cache les vrombissements les plus puissants. La ménagerie ne serait pas complète sans l’indémodable Mustang.
James Bond trouverait là de quoi satisfaire sa curiosité : circuits d’argent dont il pourrait remonter le cour jusqu’à la provenance initiale, créatures de rêve toujours parées à se donner pour vivre un grand frisson avec l’aventurier, yachts de luxe ou se cacher pour roucouler à l’abri du regard inquisiteur de « M » et de la jalousie légendaire de Miss Money Penny. Et surtout, stationnée anonymement, l’Aston Martin. La fameuse Aston Martin dont je tente de décrypter sans succès les dernières trouvailles et gadgets inventés par « Q », le Géotrouvetout de l’espionnage. Une James bond girl me regarde attentivement avec une subtilité séductrice qui a vite raison de ma réserve. En route pour de nouvelles aventures…
Bien évidemment, un tel gâteau devait trouver sa cerise. Un « Hummer », roi des 4x4 vient ponctuer le ravissement de l’œil averti. En tête de pont, face au bateau, il ajoute son crépitement sourd à la musicalité des gros billets de banque. Gros. Très gros.
Et si l’on parle moto, ce sera évidemment une Harley Davidson.
L’étonnement va crescendo. Côté mer, de multiples allées rigoureusement alignées s’étalent vers l’horizon ornementées de part et d’autre par des rangées de cyprès flottants de toutes tailles. Ces catafalques blancs dodelinent doucement au rythme de la langueur de vaguelettes qui viennent effrontément en lécher la coque. Les croix qui émanent de ce lieu sacré dressent leurs antennes et leurs paraboles vers le ciel afin d’être en connexion directe avec les îles Caïman, Turk and Caïcos, Berne ou Monaco…
Une baie ensoleillée, quelques petits arpents de terre développés au seul rythme de la génération spontanée due au bon vouloir d’un prince qui sut transformer un terrain vague et aride en port de luxe au bord de l’eau.
Les maisons blanches surplombent la mer, l’anse est émaillée de restaurants et de boutiques de marque, l’argent se renifle à chaque pas, imprimant sa marque dans toute la profondeur de cette terre. Les rochers et les galets, grâce à l’alchimie de l’or jaune se sont transmués en point de rendez-vous des plus grandes fortunes de la planète. L’argent appelle l’argent.
Je les cherche, tel un paparazzi à l’affût de ses proies et du scoop qui fera la « Une » des gazettes de l’été. Rien sur la plage ni au bord des somptueux yachts. Caroline n’est pas dans son enseigne favorite, Stéphanie semble avoir déserté la plage et sa troupe de volleyeurs enfiévrés.
Sommes nous à Monaco ? Non. Même si toutes les bimbos ont par principe ôté leurs hauts de maillot, je ne suis pas dans la Principauté monégasque. Ce petit rocher de 2 km2, point de mire du gotha et lieu privilégié des excès estivaux en tous genres grâce aux chroniques sans fin alimentées par une famille toujours imaginative.
Monaco ? Une broutille aux côtés de ce port jouxtant Marbella auquel viennent s’ancrer les émirs, les hommes d’affaires et autres pavillons battant allégrement la complaisance. L’amplitude financière qui émane des kilomètres carrés de carlingues exposées, le parfum d’oseille lancinant qui sort des grosses cylindrées estampillées par les plus nobles chevrons, et les robes des plus prestigieux couturiers laissent le rocher loin derrière, comme le gentil repaire de quelques jet setters désargentés symbolisés désormais par Loana et Steevie. Combien alors notre cher port d’Arcachon dont les places se quémandent une génération à l’avance fait figure de banal port provincial. Une bonne leçon de modestie.
Car nous sommes à « Puerto Banùs ». Le port d’attache des milliardaires et des familles royales du Golfe. Le point de ralliement de ceux qui ont leurs vêtements bizarrement bosselés par l’épaisseur d’un portefeuille qui égrène sans fin ses torrents de billets. Ces derniers, comme des confettis, ruissellent en masse vers les vampiriques vitrines et monnaient langoustes, homards et tombereaux de champagne. Ici, c’est toujours Carnaval. Ce temple du fric et du faste sacrifie quotidiennement à son rituel d’immoler d’innombrables euros sur l’autel de l’aisance et de la volupté.
L’argent y est le roi, les émirs les princes naturels. Aux chèques sans provision on préfère les cheiks argentés qui circulent de façon anodine et viennent apponter quelques jours afin de profiter des multiples bienfaits des côtes espagnoles.
Devant tant d’éclat et d’opulence, aucun sentiment de malaise. C’est un autre monde, fait de clinquant et de rutilance derrière lequel fourmillent des castes vivant selon leurs codes, leurs mœurs et sans doute leur morale. Bref, un mille et une nuits contemporain, à des années lumière du salarié français.
Loin d’être gagné par la fièvre ou de sentir monter les relents marxistes de théories désuètes, l’ensemble fait plaisir à voir. Aucune indécence que d’apprécier les beaux gabarits, que d’approcher de prés les modèles exhibés dans de très sélects revues, que de se ravir devant l’élégance et l’harmonie de l’agencement du fer et de l’acier. A tout au moins, cela démontre le génie créatif de l’homme, son goût pour approcher le « Beau », les bénéfiques flux financiers dérivés et la générosité des nouveaux Pachas nous permettant la profusion de regards. Plaisir des yeux, diraient mes amis marocains…
Tout semble exister depuis des décennies, tant l’ensemble est naturellement lové et étendu dans le site, entre mer et montagne.
Et pourtant, l’épopée est récente. Une fée s’est penchée sur le berceau de ce havre qui naquit de la terre, des herbes sèches et des rochers il y a moins de quarante années. Nous sommes bien dans un conte oriental joliment conduit par la famille princière d’Arabie Saoudite. Alors que Marbella connaissait un développement embryonnaire après l’engouement très populaire de Torrémolinos et autres cités de la côte andalouse, le roi Fahd en personne déploya sa baguette magique avec l’assurance de la manne financière qui en ruissela.
Noblesse oblige, il investit personnellement les hauteurs dominant la mer méditerranée, s’y fit construire un inaccessible et gigantesque palais et investit, aux côtés de ses frères, cousins et neveux aux fins de créer ce port nacré qui est désormais devenu l’emblème des plus grandes fortunes du monde.
La plage fourmille de petits restaurants permettant de savourer à des prix adaptés sardines, paellas et dorades les pieds dans l’eau. Une gentille mise en bouche avant de découvrir la petite cité côtière qui campe sur une mer de billets de banques et dans les doucereuses bourrasques des télétransmissions bancaires qui font tressauter les tiroirs caisse et tressaillir de gloussements jouissifs les propriétaires des boutiques qui ont acheté à prix d’or leurs emplacements.
Devant le port, nous sommes escortés par les plus grands symboles de l’apparat et de l’élégance. Aucun établissement anodin n’entache le lieu. Tous sont frappés du sceau de la renommée internationale, du faste vestimentaire et de l’élégance raffinée.
Gianfranco Ferre, du haut de son nuage contemple les cliquetis monétaires qui alimenteront longtemps les appétits de ses héritiers.
Dior nous réjouit de la présence d’une marque française qui va encore scintiller dans les grandes soirées de Gala. Tout comme Lanvin qui se reflète dans le magnifique empaquetage d’une vitrine noire étincelante. Toutes deux viennent nous rappeler que la classe et le bon goût sont de très efficaces ambassadeurs pour la renommée de notre pays.
Tôt, le matin, une Cadillac approche lentement des vitrines encore closes, précédée par trois accompagnateurs au gabarit proportionnel au yacht de rattechement. Ils adressent des signes discrets aux commerces qui s’ouvrent instantanément, comme par magie. Stores levés, porte accueillante… le conte continue. Chaque homme se poste à des emplacements stratégiques dans la rue encore déserte.
Alors, trois femmes de port très distingué descendent simultanément du carrosse. Elégantes et graciles, elles laissent transparaître toute leur jeunesse et leur beauté au travers d’un voile fort discret. Les trois favorites de l’émir, assurément un homme de goût, se dirigent vers les commerces plein d’espérances. Ces belles silhouettes qui affichent entre elles des sourires complices, représentent l’expression d’une culture amoureuse qui laisse puissamment gambader l’imagination de l’occidental que je suis et dont la référence conjugale reste la monogamie…
Elles promènent des regards désabusés chez Dolce Gabbana, cherchent la dernière nouveauté de Louis Vuitton. Avançant en territoire connu entre Dior, Lanvin et Burberry, ces habituées des dorures vestimentaires apprécient le galbe d’une robe, caressent un chemisier, embrassent d’œil connaisseur la totalité du magasin. Elles désignent délicatement leur choix à la gérante qui, restée en retrait, suit le périple de ces clientes privilégiées avec un regard gourmand. Alors, telles des abeilles recherchant le suc enchanteur, elles se dirigent vers la boutique voisine.
L’un des accompagnateurs retourne dans la boutique délaissée afin de s’acquitter des formalités résiduelles : régler la facture rubis sur l’ongle et rapatrier les vêtements élus dans la princière voiture.
L’arc de cercle qui ceinture avec une particulière tendresse le port voit alterner établissements de marques et lieux de bombances envers lesquels les propriétaires déploient un soin des plus minutieux. Décoration de qualité, tables et chaises bien veloutées de couleurs variées, vases de fleurs qui apportent une particulière fraîcheur… Tout est fin prêt pour aspirer les légionnaires de la bouffe.
Les homards attendent placidement de passer à la casserole afin d’agrémenter une panse désabusée, les fraîches dorades patientent bêtement bouche ouvert, s’inscrivant dans la fatalité de leur destinée, les œufs s’entrechoquent dans les casiers, baveux d’en finir avec la Tortilla, les filles de salle essuient le dernier grain de poussière, la douairière astique un tiroir caisse qui crépitera dans une folle sarabande dès l’heure de pointe.
Tous ces bars et restaurants seront pris d’assaut par les énergies financières émergeantes, par ceux qui font effet de virtuelles fortunes, par les touristes et les badauds, par les jeunes filles en quête du prince charmant. Car sous les adolescentes érodées d’aujourd’hui sommeille toujours Cendrillon… Un zeste de sentiment dans la réalité de rapports de force dominés par la superficialité du cœur.
Chacun s’extasiera de voir, d’observer et de participer aux nombreuses fêtes qui émailleront les rues et qui toutes sacrifieront au culte du fric et de la puissance.
Tout au long de la journée, côté terre, des voitures défileront pour montrer la richesse de leurs profilés et la hauteur de gammes qui ne se satisfont pas de demi mesure. Ces messieurs passent et repassent pour guetter la moindre proie féminine défaillante au vu du logo avec le cheval jaune et autres prestigieux emblèmes. La chair est faible.
Ne vous aventurez pas à circuler avec de banales berlines dans ce tabernacle de la démesure. Ici, la BMW est galvaudée et fait figure d’un cliché des plus commun. Manier l’une d’elle ferait presque figure d’une incongruité malséante, une faute de goût coupable.
Non. Nous sommes ici dans le royaume de la féerie. Les vulgaires citrouilles sont ignorées au bénéfice des nobles parures et autres carrosses rutilants représentées par les Bentley qui affichent les ailes d’un logo conquérant, de sublimes Rolls Royces aux chromes étincelants auxquelles leur sirène, véritable figure de proue confèrent l’ambition d’un décollage dominateur.
Ce serait presque lassant de voir défiler sous nos yeux tous ces modèles qui font rêver les amateurs qui confèrent à la voiture un rang autre qu’utilitaire. Les amoureux du design et des lignes les plus audacieuses seront comblés. Une vieille berline américaine des allées 50 suscite l’admiration la plus béate. Sa calandre rouge et argentée flanquée, de part et d’autre, de deux rétines lumineuses laisse presque augurer que ce requin sur roues va plonger dans les eaux poissonneuses du port.
Des Ferraris comme s’il en pleuvait. La voiture à l’étalon fougueux est d’un commun, dans ce territoire surréaliste… Le cheval, toujours prêt à bondir nous démontre qu’il sait générer un panel varié de couleurs, du rouge le plus classique au jaune le plus vif, en passant par un orange d’une belle arrogance. Dans le style, cet équidé présente la même vitalité que le jaguar qui trône sur une voiture dont la placidité apparente cache les vrombissements les plus puissants. La ménagerie ne serait pas complète sans l’indémodable Mustang.
James Bond trouverait là de quoi satisfaire sa curiosité : circuits d’argent dont il pourrait remonter le cour jusqu’à la provenance initiale, créatures de rêve toujours parées à se donner pour vivre un grand frisson avec l’aventurier, yachts de luxe ou se cacher pour roucouler à l’abri du regard inquisiteur de « M » et de la jalousie légendaire de Miss Money Penny. Et surtout, stationnée anonymement, l’Aston Martin. La fameuse Aston Martin dont je tente de décrypter sans succès les dernières trouvailles et gadgets inventés par « Q », le Géotrouvetout de l’espionnage. Une James bond girl me regarde attentivement avec une subtilité séductrice qui a vite raison de ma réserve. En route pour de nouvelles aventures…
Bien évidemment, un tel gâteau devait trouver sa cerise. Un « Hummer », roi des 4x4 vient ponctuer le ravissement de l’œil averti. En tête de pont, face au bateau, il ajoute son crépitement sourd à la musicalité des gros billets de banque. Gros. Très gros.
Et si l’on parle moto, ce sera évidemment une Harley Davidson.
L’étonnement va crescendo. Côté mer, de multiples allées rigoureusement alignées s’étalent vers l’horizon ornementées de part et d’autre par des rangées de cyprès flottants de toutes tailles. Ces catafalques blancs dodelinent doucement au rythme de la langueur de vaguelettes qui viennent effrontément en lécher la coque. Les croix qui émanent de ce lieu sacré dressent leurs antennes et leurs paraboles vers le ciel afin d’être en connexion directe avec les îles Caïman, Turk and Caïcos, Berne ou Monaco…
Tout est calme, conformément au respect que l’on doit dans l’enceinte de ce temple marin. Les fortunes assoupies s’exhibent délicatement devant nous, affichant leur beauté nonchalante. Chut, l’argent dort.
Les premiers pontons sont réservés aux bateaux les plus modestes. Puis, au fur et à mesure que les bites d’amarrage se succèdent, leur gabarit se développe, les dimensions prennent toute leur amplitude. Au fond, ancré avec régularité, le yacht de l’émir du Koweit.
L’océan de blancheur formé par les coques s’épanche à l’infini. Dans les espaces de vie, chacun s’exprime silencieusement, avec les gestes mesurés qui seyent avec la démesure.
Les premiers pontons sont réservés aux bateaux les plus modestes. Puis, au fur et à mesure que les bites d’amarrage se succèdent, leur gabarit se développe, les dimensions prennent toute leur amplitude. Au fond, ancré avec régularité, le yacht de l’émir du Koweit.
L’océan de blancheur formé par les coques s’épanche à l’infini. Dans les espaces de vie, chacun s’exprime silencieusement, avec les gestes mesurés qui seyent avec la démesure.
Là, le pacha se dresse doctement et téléphone à l’autre bout du monde avec un sérieux qui lui donne une incontestable autorité.
Le personnel vaque à ses occupations. Une belle brune joliment profilée effectue de superbes contorsions qui montrent la gracilité de courbes en harmonie avec la carrosserie du palais flottant. Elle remplit les réservoirs de fuel, déversant le précieux jet sous un torrent d'euros
Je la regarde officier avec délicatesse. Je fais le plein des sens.
De gigantesque plages arrière pour bronzer entre deux escales, des salons cossus avec canapés en cuir, des espaces réservés à l’intimité se succèdent tout au long de notre visite. Là, une table basse avec le seau à champagne paré à toute éventualité. Sur un guéridon, un bouquet de fleurs témoigne que rien n’est laissé au hasard.
Parmi l’enfilade de blancheur se démarque une étonnante embarcation qui rappelle les jonques.
De gigantesque plages arrière pour bronzer entre deux escales, des salons cossus avec canapés en cuir, des espaces réservés à l’intimité se succèdent tout au long de notre visite. Là, une table basse avec le seau à champagne paré à toute éventualité. Sur un guéridon, un bouquet de fleurs témoigne que rien n’est laissé au hasard.
Parmi l’enfilade de blancheur se démarque une étonnante embarcation qui rappelle les jonques.
Sans doute le discret esquif que James Bond ramena de la baie d’Along au cour de sa mission « Demain ne meurt jamais »… A l’intérieur le décor n’a rien de rudimentaire. Là aussi, le confort obéit à un rituel d’une grande méticulosité.
C’est alors que jaillissent deux montagnes rutilantes, les deux derniers yachts. Trois ponts, de vastes coursives, des salons que l’on devine gigantesques.
C’est alors que jaillissent deux montagnes rutilantes, les deux derniers yachts. Trois ponts, de vastes coursives, des salons que l’on devine gigantesques.
Assurément, l’émir peut accueillir ses favorites. Et quelques amis...
Tout est cossu et silencieux. Le tapis rouge est déroulé, paré à recueillir l’empreinte des pieds prestigieux.
Des gardes sont sobrement campés devant la passerelle escamotable. Le personnel s’agite cérémonieusement à bord. Et, sur le quai, une Lincoln nous rappelle qu’ici, rien, non rien, n’est comme ailleurs.
Nous sommes loin de la rentrée et de son cortège de notes désagréables : impôts, factures en tous genres, dépenses de la rentrée des classes…
Carpe diem.
Nous sommes loin de la rentrée et de son cortège de notes désagréables : impôts, factures en tous genres, dépenses de la rentrée des classes…
Carpe diem.
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