Essences rares
mardi 3 novembre 2009
Blés célestes
Essences rares
mercredi 1 juillet 2009
MCMA
Page d'Amour
... "Je vous aimerai jusqu'à l'été"
Une attente de je ne sais quoi
Une longue, longue attente lente
Un lac qui s'endort comme l'on veut
Une rousse, rousse comme vous
Une simple bague de platine
Où j'ai fait graver notre cachet
Tout cela n'existe pas encore
Tout cela n'a jamais existé
Je n'aurai jamais votre visite
Pour mettre ton nom sur ce poème
dimanche 5 avril 2009
Elégance rime avec Bordeaux
Il me plait à me souvenir de quelques séquences de mon enfance qui m'ont permis de découvrir et d'apprécier un spectacle dédié à la recherche de la perfection. Une quête qui pourrait d'ailleurs animer chacun de nous...
" Mon frère intégra l’école militaire de Coëtquidan et fera partie, en 1961, de la promotion « Bir-Hakeim ». Cette appellation rendait hommage à la célèbre bataille (du 27 mai au 11 juin 1942) opposant en Libye les forces alliées commandées par le général Koenig (1898-1970), à trois divisions germano-italiennes conduites par le général Rommel.
Après 16 jours de siège, le général français préféra rompre l’encerclement et tenter une sortie au lieu de prendre le risque de voir ses hommes massacrés sur place. Ce fut la première victoire de la France libre depuis la débâcle de 1940. Car la tactique de ce chef de guerre réussit brillamment : échappant à l’Afrika Korps de Rommel pour rejoindre les Britanniques, il sauva 3000 des 3500 hommes placés sous son commandement.
L’espoir changea de camp, le combat changea d’âme
La mêlée en hurlant grandit comme une flamme
« Les Châtiments »-Victor Hugo-1853
La promotion de mon frère eut bien naturellement comme parrain le général Koënig, invité naturel et héros d’honneur de la manifestation ponctuant la fin des études à Saint-Cyr, et que l’on appelle traditionnellement « le Triomphe ». Ce fut pour moi un souvenir fort qui me donna l’occasion d’accompagner mes parents dans un périple à vocation historique et culturel.
Je me revois, privilégié, assis dans les tribunes, en ce 20 juillet 1962, afin d’assister à un spectacle à jamais gravé dans ma mémoire, tant sa force et sa cadence furent sans cesse soutenus. Je ne pense pas avoir été particulièrement ému par la présence du vainqueur de Bir Hakeim à nos côtés, car j’étais venu avec fierté voir mon frère, consacré ce jour là, officier.
Et puis il y avait l’uniforme d’apparat aux épaulettes rouges, coiffé par le shako, ce képi rigide bleu et noir à visière, agrémenté du célèbre casoar dont le plumet blanc et rouge finissait l’ensemble et lui conférait toute sa solennité.
J’ai toujours été subjugué par la beauté et l’allure que cette tenue donnait à son détenteur. Bien plus tard, avec l’accord de mon père, je me suis permis de jouir de son prestige à l’occasion d’une soirée costumée organisée par une association de jeunes bordelais dans un établissement religieux, le Cénacle, qui existait alors rue Ségalier...
Dieu reconnaissant les siens sut faire preuve d’une grande ouverture d’esprit, car cette fête dansante eut lieu dans la chapelle, sous l’œil ému des religieuses, chaperons naturels de nos réjouissances. J’avais 16 ans, et, vêtu de l’uniforme cyrard de mon frère, aux côtés des Zorros, des clowns, des indiens et autres princesses, je récoltais les fruits d’une aura due en partie à l’originalité de ma mise.
Je fus largement approché. Je me sentis donc obligé d’entreprendre vaillamment tout ce qui passait à ma portée, malgré les assauts obsessionnels et désespérés de mes amis, nettement plus conventionnels dans leur apparat.
Les filles étaient jolies et surtout sensibles, c’est bien connu, à l’attraction de l’uniforme. Alors, j’honorais fort civilement mes obligations à leur égard, parlant, dansant, et appréciant les pauses câlines des slows, véritables repos du guerrier.
J’obtins également une victoire sur un autre flanc, moins séduisant je le confesse, car j’eus de surcroît un franc succès du côté des religieuses, précocement béatifiées devant l’honorable parure et certainement sensibles à l’autorité qu’elle représentait.
Aujourd’hui, le Cénacle n’est plus, ayant subi les assauts de promoteurs qui en firent un ensemble résidentiel, « Les Symphoniales ». Et les bonnes sœurs, encerclées, capitulèrent sereinement.
Que les lois de la République dont je suis si respectueux me pardonnent de les avoir, l’espace d’une soirée dansante, gentiment bafouées pour port illégal d’uniforme. Mais, je sus, je le crois, être fidèle à ce dernier : comme un vaillant combattant, je me donnais sur tous les fronts. Quoiqu’il en soit, je suis certain d’avoir été amnistié par la bénédiction divine.
Il faisait chaud, ce 20 juillet 1962. Nous étions plusieurs milliers de spectateurs installés autour d’une immense arène dans laquelle se produisit un spectacle illustrant la gloire de l’armée française de l’époque : infanterie, engins motorisés, cavalerie.
La première phase de la manifestation fut l’étonnante reconstitution de la bataille de Bir Hakeim : je vis une nuée de soldats se répandre sur la piste, s’organiser, se structurer afin de guerroyer face à un ennemi invisible.
Les blindés intervinrent, des soldats constituaient de précaires murs de sacs de sable afin de mieux simuler la guerre de terrain. Bien entendu, mitrailles et canons rythmaient le tout de façon incessante. Dans le tintamarre ambiant qui enchantait mes yeux et excitait mon imagination, je perçus de prés ce que pouvaient être le combat, le danger et le prix de la vie.
J’en profitais pour prendre en abondance des idées que je devais aussitôt exporter chez moi pour jouer avec mes figurines soldatesques et reproduire la bataille de « Little big horn », sonnant le glas de Custer qui, le 25 juin 1876, s’effondra face aux Sioux de Crazy Horse.
Sans l’avoir clairement identifié, ni même avoir perçu toutes les subtilités de l’art de la guerre, j’étais persuadé que mon frère, à lui tout seul, sauva la France dans cette reconstitution de la célèbre bataille. Mais le général Koënig ne me fit aucune confidence à ce sujet.
Puis vint la phase spectaculaire des acrobaties motorisées. Je vis plusieurs conducteurs se succéder, soucieux de préserver les fragiles équilibres constitués par des hommes arc-boutés sur le guidon ou à l’arrière, puis se tenant, dans une parfaite symétrie, des deux côtés de la moto. Le point d’orgue fut la pyramide humaine réalisée par une douzaine de soldats juchés sur leurs solidaires épaules et restant dans le vide par la seule force des bras. Jamais, plus jamais je ne vis plus subjuguant.
Le dernier volet du spectacle, telle une gradation dans l’émotion et dans la beauté fut constitué par l’exceptionnel « Cadre Noir », compagnie cavalière royalement dressée qui, sous le commandement de son chef, dénommé « le Grand Dieu », dessinèrent dans leurs cheminements, moult arabesques et parades harmonieuses.
Nulle faute de chorégraphie, nul pas incontrôlé. La maîtrise fut, comme toujours parfaite, et la discipline rigoureuse. La plus noble conquête de l’homme affirmait ainsi tous ses titres de noblesse, restant immobile puis trottant à la demande, ou bien dansant, lorsque la musique imposait un rythme mélodieux. Ce jour là, j’enrichis mon vocabulaire et ma vision de deux figures acrobatiques : la courbette et la croupade.
Et, lorsque le Cadre Noir vint à Bordeaux quelque trente années plus tard alors que j’étais élu municipal aux côtés de Jacques Chaban-Delmas, c’est très fier que je représentais le maire, me levant dignement afin de répondre au salut militaire du « Dieu », et replongeais d’un coup dans cette phase de ma jeunesse.
A la fin de la représentation qui se déroulait place des Quinconces, eut lieu un cocktail d’officiels. J’eus bien évidemment à prononcer une allocution dans laquelle j’évoquais avec émotion ce que ces moments représentaient pour moi, et remerciais les intéressés d’avoir fait renaître dans mon esprit tant d’images et de sons.
J’eus alors la chance de parler avec les amoureux du cheval, avec les soldats et leur commandant. Aussi, lorsque je revins chez moi j’étais transfiguré : j’avais rencontré Dieu. Mais j’avais bien conscience de n’être ni André Frossard, ni Bernadette Soubirous. "
(extrait de "A la recherche d'Athéna", septembre 2002)
dimanche 8 mars 2009
Des secondes d'éternité
et... VIVRE
Il est des endroits sur cette terre dont le seul contact provoque une indicible sensation de bien-être. Des oasis qui doivent côtoyer l'Eden et tous les Saints du Paradis pour nous prodiguer un avant-goût du Nirvana, et nous rappeler que le Bonheur existe bel et bien içi bas. Marrakech appartient à ce cénacle très fermé des villes élues.
Les ressources et les mystères qui en émanent imprégnent notre corps, notre esprit, et sans doute notre âme, pour nous régénérer, toiletter les tréfonds de nos intérieurs afin de nous apporter une fraîcheur nouvelle.
Comme si l'heureuse conjonction des éléments naturels imprégnaient la terre d'ondes puissantes aux pouvoirs surnaturels. Y poser le pied fait trésaillir notre subconscient, produit une foultitude d'électrochocs dans notre être.
Alors, les scories d'un lancinant quotidien sont aspirées vers le néant, les maux créés par nos humaines découvenues disparaissent pour laisser la place à une infinie impression de renouveau. Une nouvelle virginité en quelque sorte, guérissant des douleurs infligées par des quotidiens souvent déconcertants.
Je n'ai toujours pas compris à ce jour qu'une cure ne s'impose pas à chacun de nous pour nous guérir de la sinistrose, et qu'elle ne soit pas prise en charge dans son intégralité par la Sécurité sociale. Ce serait là source d'infinis bienfaits aux effets durables.
Car rencontrer Marrakech opère en nous un grand nettoyage de Printemps. Finies les pensées moroses, oubliés les fantômes du passé, applaties les vilenies et les trahisons... Vive la Vie, l'avenir, et reprenons la plume pour écrire sur le parchemin que déroule sous nos yeux notre futur. Soyons au rendez-vous.
La vue ? Les couleurs riches et bigarrées s'impriment sur la grisaille de notre récent passé.
L'Ouie ? Les mélopées qui montent de la place Djemaa el Fna enrichissent notre inconscient de farandoles de vies.
L'Odorat ? Les épices aux subtiles frangrances, les huiles aux senteurs suaves, la volatilité de la fleur d'oranger exacerbent nos artères sensorielles et nous plongent dans une fluidité magique.
Le Goût ? Du Tagine de poulet au couscous Berbère, leurs effluves bercent nos narines avec une infinie volupté.
Et le Toucher... Les soieries multicolores résonnent sous nos doigts composant une ennivrante mélodie sur les touches de l'arc-en ciel.
La Cité impériale vit par ses hommes, par les forces créatrices qui se dégagent d'un sol à la riche histoire, par les bienfaits qu'elle produit et qui mettent en éveil permanent nos 5 sens. Là, nous existons pleinement, et sommes en communion totale avec notre environnement.
Alors entamons un dialogue sans fin avec l'impalpable, percevons chaque parcelle vitale qui nous est adressé, enrichissons-nous de la sève qui émane de cettte ville sortie des sables il y a plus de 9 siècles, en 1070, lorsqu'une tribu berbère y planta ses premières tentes.
Depuis, que de destinées et coups du sort vécut la Cité, que de dynasties s'y succédèrent, que de trahisons s'y ourdirent, et que de sang versé coula dans le désert pour prétendre présider aux destinées d'une ville qui fut la capitale du pays jusqu'à lui donner son nom, le Maroc.
Cette ville au passé prestigieux exerca son rayonnement en tant que centre de culture dans lequel se retrouvaient les savants et philosophes du monde entier dès la fin du XIIème siècle, puis connut le déclin pour mieux renaître et dégager une aura mystérieuse qui l'habite encore à ce jour.
Son nom, seulement son nom, « Marrakech » ne nous laisse pas indifférent. Ces 3 syllabes résonnent à nos oreilles avec une majestueuse musicalité. « Marroukech », cela signie « va et passe vite », comme ont voulu la baptiser les berbères sahariens, ses fondateurs qui voulaient éviter que les caravanes et les voyageurs ne viennent les importuner.
Or, c'est tout le contraire que nous inspire cette cité : restons y et apprécions le plaisir qu'elle dégage et qui pénétre tout notre être dès que nous posons le pied sur la piste de l'aéroport.
Dès le premier regard à travers le hublot, j'éprouve chaque fois la même sensation. Il y a quelque chose de magique, d'irréel dans cette proximité de deux heures de vol séparant, ou réunissant ma ville natale, Bordeaux, à ma ville d'adoption, Marrakech.
La ville à la beauté contenue, aux attitudes sobres et distinguées, reliée comme un heureux continuum à cette cité d'un charme envoûtant, dans laquelle prévalent la faconde rieuse et la joie de vivre.
La capitale de l'Aquitaine au somptueux centre ville strictement dessiné... et la « Venise du désert » qui nous entraîne dans une constante épopée rivalisant de couleurs et de sons, et qui si bien vous parler de vie et d'amitié. Deux villes, deux tentations.
Elles affichent avec audace les formes tentantes d'une séduction affirmée et leur enivrante beauté qui nous attirent irrésistiblement. La femme du monde et la vamp!
Le soleil, qui imprégne le Maroc me renvoie de manière éblouissante à une symphonie de teintes allant du blond au rouge, du blafard à l'éclat le plus vif. Je suis happé dans une douce intimité par le sortilège de ces coloris qui se déclinent en une infinité de nuances faisnt chanter la terre tout en révélant à qui saura le discerner, le sens du Beau.
Le spectre entier des couleurs de vie, la palette foisonnante d'un arc-enciel régènérant entrent dans notre être, l'irradiant, lui redonnant une vigueur nouvelle, le libérant de ses sortilèges profanes. Un doux exorcisme, un cérémonial purificateur en quelque sorte.
Au sortir de l'aéroport qui affiche une rutilence toute neuve, s'étendent de vastes avenues émaillées de constructions neuves, de résidences de standing et de villas cossues. Car la ville connaît un développement immobilier sans précédent qui a transformé la périphérie de Marrakech, au-delà des remparts, tout en respectant le centre historique.
Le quartier de l'Hivernage est le symbôle de cette frénésie de constructions. Hier avenue de France, un Boulevard s'étend aujourd'hui à perte de vue, baptisé Avenue Mohamed VI. Le désert et les palmiers ont cédé la place à une profonde transversale déroulant chaque jour son tapis de bitume, ses bordures de trottoirs et ses panneaux de signalisation.
Rayonnant avec bienveillance sur la cité, un autre monument, à vocation spirituelle, veille sur la cité, la Koutoubia. De tous les côtés de la ville, on l'aperçoit, drapé dans la beauté de ses formes, dans la somptuosité de son éclat naturel.
Edifié au XIIème siècle, il est situé au coeur de la vie des habitants pour accompagner et illuminer leurs chemins. Ses bâtisseurs ont voulu établir un rapport d'harmonie entre la Koutoubia et les hommes. Car le rapport de base entre la largeur et la hauteur est de 1 sur 5, signe d'union, puisqu'exactement positionné entre les neufs premiers chiffres de notre arithmétique. Chiffre d'équilibre par excellence, il illustre également les 5 parties du corps, les 5 sens et confond sa silhouette dans une étoile, l'inaccessible étoile.
Au pied de ce minaret s'étend une vaste esplanade sur laquelle les touristes côtoient les marrakchis qui promènent leur joie de vivre, heureusement contagieuse, sans aucune retenue.
La ville résonne agréablement encore du bruit désuet des sabots sur les pavés et autres revêtements, s'inscrivant dans une tradition remontant à 1912.
C'est alors qu'une heureuse cacophonie parvient à nos oreilles, qu'un rythme endiablé vient solliciter tout notre être. Les sons s'accentuent avec la progression de nos pas, nous attirent irresistiblement vers leur source. Nous sommes comme vampirisés, attirés par un sortilège dont nous serons tous les consentantes victimes.
Nous cotoyons alors un véritable mythe, la place Jemaa el Fna, classée au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO, car porteuse d'une tradition, siège de la mémoire, riche de tradition orale et de tout ce qu'elle nous apprend de l'histoire des hommes.
Elle est le but absolu de tout périple, ville dans la ville, lieu d'expressions, de rencontres multiculturelles et ethniques. Elle est la place des libertés, étendant ses 15 000 m2 pour proposer une infinie possibilité d'animations. Sachons capter et nous enrichir de tout ce que ses vivants acteurs nous envoient de grand et de fort, enraciné dans des cultures ancestrales.
Charmeurs de serpents, dresseurs de singes, acrobates, conteurs, écrivains publics, arracheurs de dents, diseuses de bonne aventure, porteurs d'eau, danseurs, combattants de boxe, vendeurs de jus d'oranges, jeux d'adresse, hennayats...
Vous avez dit « hennayats »? Qu'est-ce à dire? Je vais vous l'expliquer. Il s'agit de jeunes femmes qui proposent de parer mains et pieds de dessins artistiques à partir d'une mouture séchée tirée du Henné, plante millénaire et sacrée que le prophète choisit comme symbole de paix. De ses feuilles odorantes sont tirés des parfums, des huiles et composition permettant l'ornementation de la peau.
Et n'oublions pas les « Gnaouas »...
Les Gnouas, représentants d'une ancienne confrérie volent littéralement dans tous les recoins de la place. D'une agilité surprenante, ils se consacrent à la danse et à la musique tout en prodiguant un esprit facétieux qui jaillit en gerbes de la pluralité des couleurs de leurs vives djellabas.
Cette place vit jour et nuit. Le soir elle se transforme en gigantesque restaurant à ciel ouvert.
Le spectacle continue alors bercé par les milliers de loupiotes qui éclairent les tables autour desquelles se pressent les convives que l'on cherche dans une cocasse concurrence.
Le touriste est tiraillé de stand en stand dans une joyuse bousculande, les rires accompagnent les hésitations, le couscous est égrené sous les yeux pour témoigner de sa qualité. Les poulets, sagement alignés, attendent d'être confrontés à leur inéluctable destin, les légumes sont prêts à créer d'homériques touristas aux convives imprudents, les brochettes, crevettes et calamars manifestent leur impatience de finir dans les assiettes. Dîner sur cette place est un plaisir de la vue, de l'ouïe, de l'odorat. C'est bon-enfant et cela constitue un efficace remède à la sinistrose.
Tout autour, des stands proposent des ribambelles d'escargots qui affichent leur onctuosité en découlinant des louches que les maîtres de cérémonie activent avec des gestes amples et cérémonieux.
Il y aurait tant des choses à dire, tant de sentiments à exprimer. Je laisse chacun se forger sa propre sensation, car chaque vécu est unique.
Chaque expérience sera un moment priovilégié qu'aura le visiteur avec cette place qui donne tant et tant. Il appartient seulement d'être réceptif et de se laisser bercer par la magie qui s'en dégage.
Cette magie nous est abondament proposée dans la foultitude de secondes d'éternité que nous saurons arracher au temps qui passe.
Qualité d'un regard, profondeur d'un sourire féminin, gouaille d'enfants, gentillesse des marrakchis, humour des artisans qui nous proposent des babouches climatisées ou de nous consentir un « crédit berbère » : « Tu paies la moitié tout de suite et l'autre moitié maintenant ».
Enfonçons nous sans riques dans les innombrables ruelles de la Médina. Nous ne pouvons nous y perdre, mais seulement nous y égarer. Car il y aura toujours quelqu'un pour nous ramener vers la place Jemaa el Fna.
Les souks regorgent de richesses et sont le témoignage de toute la qualité de l'artisanat local : travail du bois, soieries, cuirs, bracelets, bijoux, lampes, poignards, ferronneries d'art... Le tout s'acquiert dans d'interminables négociation dans lesquelles il faut se laisser entraîner de bonne grâce. C'est le rituel local.
Au fil de notre promenade dans la ville, aprés avoir dégusté couscous et patisseries, l'envie peut advenir de prendre quelque temps pour le repos.
Le repos du corps, mais également de l'esprit ? Les jardins Majorelle s'imposent alors.
Tous les écoliers se souviennent du bleu Majorelle que nos maîtresses d'école nous demandaient d'apporter dans nos palettes de couleurs. Un bleu puissant et fort qui inonde les murs de l'atelier du peintre (1886-1962) situé au coeur d'un jardin qui nous fait dialoguer avec l'éternité.
Il faut se promener dans les allées de ciment rouge, voir la vivacité des tons qui emanent des jarres jaunes bleues ou vertes, se laisser aller dans l'allée de bambous, dans un univers irrigué par des plantes venues de tous les continents.
Sâchons apprécier ce grand moment. Laissons nous bercer par les reflets irréels, par la puissance spirituelle qui fuse de ce ce lieu.
Fermons les yeux.
Il existe sur terre un endroit hors du temps imposé et de l'espace contingenté.
Les fenêtres d'éternité que nous avons ouvertes à Marrakech nous ouvrent des horizons sans fin.
Vive la VIE