jeudi 13 décembre 2007

Un bienveillant scintillement

Les beaux yeux se sont fermés


La belle bâtisse incrustée de pierres blanches s’est teintée d’une sombre tristesse. Elle qui irradiait de gaieté et de rires vers la campagne et les hameaux avoisinants, s’est dignement figée dans une inconsolable tristesse. Aucune vie ne l’habite, aucun cri ne jaillit de son sein. Son pouls bat petitement au rythme des offensives du vent et des assauts troublants de la mémoire qui rappelle les jours heureux. Ces temps d’amour et de joie appartiennent désormais au passé, à l’enfance qui sommeille en chacun d’entre nous. Ils ne seront jamais plus.

Car les beaux yeux bleus étincelants qui reflétaient l’âme de la maison se sont fermés pour toujours il y a tout juste 1 an, le 15 décembre 2006, laissant une nichée d’orphelins hagards : 9 enfants, 33 petits-enfants, 32 arrière petits-enfants…

La cheminée ne crépite plus tôt le matin pour griller onctueusement les montagnes de pain grillé du petit-déjeuner familial. La cuisinière n’accueille plus la centaine de tomates farcies qui enchantaient les tablées de fête. La maîtresse de maison ne sourit plus aux innombrables visiteurs qui venaient se ressourcer dans cette niche privilégiée d’un bonheur qu’elle avait su générer. La demeure n’ouvre plus grandes ses fenêtres pour exprimer sa vitalité souriante et sa générosité à recevoir. Car les beaux yeux bleus se sont fermés.

Papa n’arpente plus les allées du jardin pour entretenir avec soin les poiriers en espalier qu’il avait agencés dans une parfaite architecture linéaire. Les plantes, avides d’eau ne sont plus arrosées par les petites ondées savamment maîtrisées de l’arrosoir. Et les petits-enfants à qui il donnait gentiment la main ne viennent plus déguster fraises, framboises et groseilles à satiété.

La dame aux yeux bleus a rejoint son mari dans l’éternité de l’amour. Avec l’espiègle compagnie du petit chien, Nietzsche…

Un an déjà que maman est partie. La nouvelle du départ brutal de celle à qui je dois la vie m’emplit alors d’une infinie froidure. Depuis, je grelotte souvent, puisant mon réconfort dans les regards embués de tendresse de mes 7 enfants. Ces enfants que j’aime tendrement et qui témoignent de la continuité des amours passés. C’est moi qui les protège comme elle me protégeait hier. Et je tente de leur apprendre l’avenir en semant inlassablement Amour, Respect, Humilité. Ils savent qu’ils récolteront alors abondamment en retour.

Les beaux yeux bleus se sont fermés.

Un an après le grand départ, je souhaitais, par ces lignes, réchauffer mon cœur avec leur bienveillant scintillement. Et témoigner de l'Amour infini d'un fils reconnaissant.


















2 commentaires:

Pierre C a dit…

No comment ! ! ! Je les avais croisés à Bordeaux, immense souvenir et j'avais passé un excellent moment autour d'un plateau de fruit de mer dans cette belle et grande maison charentaise...........souvenirs ! souvenirssssss quand tu nous tiens.
Amitiés
Pierre C

jarty pascal a dit…

Je viens de t'identifier.
Merci Pierre.
Toute mon amitiè...